L’Union Européenne autorise l’utilisation de substances (dont l’acétamipride) qui sont interdites aux agriculteurs français. Pourtant, l’importation des productions agricoles qui ont bénéficié de l’utilisation de ces produits est autorisée sans contre-partie ou compensation économique. Les producteurs français sont donc mécontents d’être mis en concurrence avec des produits ayant des coûts de production plus faibles, et donc potentiellement des prix de vente moins élevés. D’ailleurs, le 24 juillet, dans le même temps où la loi Duplomb est discutée et où le Conseil Constitutionnel a retoqué la réintroduction de l’acétamipride, la Commission Européenne a augmenté les limites maximales applicables aux résidus d'acétamipride pour un certain nombre de productions pour d’autres pays européens. On comprend donc l’injustice ressentie par les agriculteurs français face à cette situation, d’autant plus que certains affirment que les consommateurs ne jouent pas le jeu de consommer français pour les soutenir. Mais la réintroduction revient à baisser les bras face à la concurrence déloyale. D’autres approches sont possibles : Des aides directes peuvent être mises en place pour compenser les surcoûts liés à l’interdiction de certains pesticides, comme cela a été fait après l’interdiction des néonicotinoïdes en 2020. • Des prix planchers afin de garantir une rémunération minimale aux producteurs français, tout en taxant les produits importés cultivés avec des substances interdites localement. • L’application de clauses dites “miroirs” permettant de refuser l’entrée sur le marché français de produits ne respectant pas les normes environnementales nationales. Ces éléments étaient d’ailleurs partiellement présents dans les amendements proposés à l’Assemblée Nationale et qui n’ont pas été étudiés du fait de l’adoption d’une motion de rejet par les députés LR, RN et de la coalition gouvernementale. Cette question de concurrence déloyale dépasse le simple cadre de l’acétamipride et de la loi Duplomb. C’est une revendication clé des agriculteurs et agricultrices à laquelle la loi Duplomb ne répond pas et tentait de répondre par un nivellement par le bas avec la réintroduction de l’acétamipridre dont la dangerosité est établie.
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Thématique
Agriculture & enjeux économiques