2018
ANSES
Il convient de rappeler qu’en ce qui concerne la lutte contre les ravageurs, aucune méthode n’assure à elle seule une efficacité suffisante mais qu’une combinaison de méthodes doit être envisagée dans le cadre d’une approche de lutte intégrée. Il s’agit de remplacer les applications prophylactiques (catégorie dans laquelle entrent les traitements de semences) par une observation très régulière des bioagresseurs dans les parcelles (épidémiosurveillance), la mise en œuvre en premier lieu de l’ensemble des méthodes de lutte non chimiques (combinaison de méthodes à effets partiels) et enfin, si nécessaire, l’application d’un insecticide (le moins toxique possibleet au spectre d’efficacité le plus étroit possible) à partir d’observations de ravageurs au-delà de seuils de nuisibilité (c’est-à-dire pouvant causer des impacts économiques, ou sur la santé). Pour la plupart des usages étudiés, il convient également de souligner que l’interdiction d’utilisation des substances appartenant à la famille des néonicotinoïdes risque d’entraîner une résistance accrue aux autres insecticides, en particulier pyréthrinoïdes, s’ils sont utilisés en alternatives. L’exploration de la littérature consacrée aux systèmes de production n’ayant pas recours aux néonicotinoïdes ouvre des perspectives en matière de recherche, de partage de référentiels et d’accompagnement technique. Si des méthodes non chimiques pour le contrôle des insectes ravageurs sont ou ont été à l’étude dans les instituts de recherche ou les instituts techniques du monde entier, leur potentielle efficacité et leurs modalités d’application pratique ne permettent pas encore de les rendre immédiatement opérationnelles. Ainsi, les méthodes de lutte culturale, très diverses, et qui sont en plein essor dans le cadre de l’agroécologie, requièrent encore, pour permettre un contrôle efficace, d’être combinées, ce qui nécessite une reconception plus ou moins profonde des systèmes de cultures (diversification, usage de plantes de services et mise en place de stratégies couplant ce qui se passe à la parcelle, dans ses abords, et à des échelles territoriales fines), De même, le recours aux médiateurs chimiques, notamment produits par les plantes (ex. répulsifs) parait très prometteur. Le recours aux auxiliaires des cultures (parasitoïdes ou prédateurs) représente également une source de solutions dans plus de 20% des usages étudiés, particulièrement pour les cultures sous abri. D’autres font l’objet de recherche et conviendraient d’être rapidement développées. L’Anses recommande donc d’accélérer la mise à disposition de méthodes alternatives, efficaces et respectueuses de l’Homme et de l’environnement, pour la protection et la conduite des cultures.